Jean d’Ormesson a eu cette phrase juste de dire que: « Écrire, c’est transformer à l’aide de la grammaire un chagrin en bonheur. »

Alors, lors d’une de mes nombreuses errances blogosphériennes, je suis tombée sur l’idée absolument lumineuse de ifeelblue qui a initié sur son blog l’idée d’une chaine de lettres à laquelle je vous invite à participer.

Rien de tel qu’un peu d’amour dans ce monde de brutes. Une sorte de pansement à nos récentes blessures suite aux tragiques attentats de  Charlie Hebdo et de Porte de Vincennes.

Je suis généralement contre le principe de chaine qui sous-entend que si tu ne réponds pas dans les 10 minutes en pourrissant la boite à lettre ou par SMS 10 malheureux veinards que tu auras choisis dans ton répertoire, un satellite franco-sino-moldave risque de s’abattre sur ta tête à l’instant même où tu appuies sur « envoi » ou que tu mettras au monde 12 pékinois lapons au lieu de 2 ou encore qu’un nuage de moustiques tigres géants suceurs de moelle te ferait passer un mauvais 1/4 d’heure. Bref. Totalement inefficaces et terriblement stupides chaines.

Cependant, il est évident qu’une amoureuse de la littérature et de l’écriture telle que je le suis n’aurait pas laissé passer une telle occasion de recevoir et d’écrire une lettre. Alors je passe le mot.

Cette idée de lettres m’a aussi fait réfléchir à la place que tiennent les mots dans ma vie. J’adore autant lire qu’écrire. Est-ce utile de vous le dire puisque vous êtes en train de me lire. Ce blog est effectivement devenu un exutoire pour assouvir cette passion dévorante.

Je me suis aussi souvenue de mes jeunes années où l’écriture avait une grande part (tout aussi importante aujourd’hui)  dans la vie d’une petite fille introvertie… devenue extravertie avec le temps. Un peu. Mon point de lancement était l’achat de mon agenda pour la rentrée scolaire. Un agenda que je voulais le plus large possible pour laisser place à multiples gribouillages, photos de chanteurs et d’acteurs en pagaille… quoique, George Michael a tenu pendant des années la dragée haute à tous les autres. N’est-ce pas ma Nana ?

J’avais aussi un cahier en pages recyclées dans lequel je couchais mes rêveries de jeune fille et les poèmes sirupeux qui découlaient de l’imagination d’une jeune demoiselle remuée par ses premiers émois amoureux. Et puis, il y a eu les copines fidèles du collège et du lycée ( Marie-France, Anna, Cynthia) avec lesquelles nous avons échangé tant de lettres pendant l’année scolaire et tant de cartes postales pendant nos vacances. parfois les deux.

De cela, je garde un souvenir ému car il me reste un nombre incroyable de ces souvenirs dans un grand carton dans lequel je replonge volontiers le nez de temps à autre. Je me souviens de chaque instant. De chaque moment dans lequel ces mots ont noirci la page blanche. Je me souviens aussi de ces moments en amphi où les questionnements de Cycy m’intéressaient davantage que la définition des créanciers chirographaires. (Oui, je sais ce que cela veut dire!)  C’est pour ça que je n’ai pas continué le Droit! Bien m’en a pris mais j’ai gardé ma copine!

Alors, je remercie encore ifeelblue pour cette merveilleuse idée de chaine de lettres et d’avoir été, bien malgré elle, à l’initiative de cette « Madeleine de Proust », sorte de réminiscence plus que volontaire d’une passionnée des mots.

Et en ces temps de morosité ambiante, rien de tel qu’un geste d’amitié pour donner un peu de baume au cœur et de voir un sourire sur un visage. Un bonheur simple à partager !