Ben … pas tant que ça en fait !

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17 mars 2020.

Cette date est à marquer d’une pierre blanche ou noire tellement elle a désormais une place de (non)choix dans l’histoire de l’Humanité. Elle est le point de départ d’un arrêt global. Celui d’une destruction annoncée de l’homme par un satané virus.

L’épidémie qui a débuté en Chine vers Décembre n’a aucunement inquiété le monde occidental qui voyait ça de loin… de très… très loin… sauf lorsque les premiers cas ont commencé à se déclarer en Europe… et à se rapprocher. Puis l’Italie a commencé à compter ses morts… par milliers. En France, le décompte morbide a voulu sa part. Et la décision du CONFINEMENT a été prise par un gouvernement sans gouvernail du fait de l’ampleur de ce qui s’est avéré être une pandémie désormais. Tout le monde à la maison. Oui mais… comment faire? Comment s’organiser pour ne plus mettre un pied dehors? Et le travail? Et l’école des garçons? Et les courses? Et comment résister à l’envie de mettre de pichenettes à l’ado… qui est en pleine période larvesque de sa poussée d’hormones? Bref… comment faire face humainement à tout cela ! Beaucoup de questions. Pas de réponses mais une chose est certaine: je n’ai pas mis un pied dehors durant le confinement et ce même après la date du 11 mai annoncé pour le DÉ-CONFINEMENT. On a fait autrement et j’en ai tiré certaines leçons. Et nous n’étions pas à plaindre non plus. D’abord, grâce à mon employeur, nous avons pu No et moi travailler de la maison. Oui, une maison. Cette chose que l’on a mais dont on ne profite jamais car la semaine au bureau et le week-end dehors pour prendre l’air est devenu le centre de notre vie pendant cette période. Jamais ménage n’a été aussi bien fait, jamais jardin n’a été aussi bien taillé … au cordeau. Mais il a fallu s’occuper autrement. Les journées d’école de nos deux ados, heureusement autonomes et bien alimentés par leurs profs… oui… il a fallu aussi gérer sans discontinuer l’apport de nourriture à ces deux ados en pleine croissance tout en essayant de varier les menus afin que pâtes-riz-patates ne passe pas subitement dans la catégorie des légumes préférés. On a mis en branle toutes les recherches pour pallier la fermeture subite des magasins. Ce confinement a changé nos ordres de priorité et les a portés à leur extrême minimum et supprimé le superflu. Nous avons donc activé tout le net à la recherche de producteurs locaux et là encore, habiter près de la mer nous a permis de commander du poisson fraichement pêché du matin, d’avoir chaque semaine des fraises succulentes ramassées par un producteur au bout de la rue, d’avoir un panier de légumes frais tous les vendredis matin livré. Nous avons entretenu un commerce local durement touché et qui ne s’attendait pas à un tel impact sur leurs travails.

Et puis, il y a eu effervescence culinaire, frénétique. Je n’ai jamais autant cuisiné que pendant le confinement… à raison de 2 menus par jour voir trois pour offrir un vrai repas à mes hommes, du petit déjeuner au diner. « Qu’est ce qu’on maaaaaaange ? » Combien de fois j’ai failli emplatrer l’Ado1 en entendant cette question?

Bref… J’ai appris à faire du pain (presque aussi bon que celui du boulanger), ce que j’avais cessé de faire depuis la panne de ma machine à pain il y a 5 ans. Je suis devenue une MC du cake citron/pavot. J’ai surexploité mes robots de cuisine… et cela plusieurs fois par jour, eux qui ne me voyaient qu’une ou deux fois le week-end. Tartes, quiches, empanadas, naans, babas au rhum. Je crois que nous avons testé un certain nombre de recettes et avec une joie plus grande lorsque les ados parvenaient à détacher leurs doigts graciles des manettes de la PS pour nous affairer ensemble derrière les fourneaux. Une autre de mes joies du confinement. J’ai lu aussi mais pas autant que je l’aurai voulu. Je voyais passer également toutes les jolies cousettes de mes copinautes couturières mais, je n’en avais pas l’envie. Pourtant, il a fallu mettre la main à la pâte… plutôt à la MaC lorsqu’il a fallu coudre ses propres masques maison… surtout pour M qui se tartait le ravitaillement de l’extérieur. Puis, il a fallu aussi coudre des surblouses… pour un personnel soignant en premières lignes mais sans matériel à disposition. Telles ont été les cousettes de confinement. Car oui, ce confinement a eu pour effet de me plonger dans une espèce de torpeur, dans l’attente d’un je-ne-sais-quoi….? en annihilant toute envie de faire. Un ralentissement de toute volonté qu’il fallait surmonter au quotidien… autant dire que l’insomnie a balayé mes nuits comme un feu de pailles. Bref… au bout de 3mois je ne savais même plus comment je m’appelais. Puis est arrivé le déconfinement. Cet instant attendu où tous se sont rués dehors, sur les plages, dans les magasins en se disant que le virus n’était plus là… Ah oasis ??? Ben moi, je n’ai mis le pied dehors quelongtemps après cette date du 11 mais et je n’a pas aimé ce monde-là… masqué… déshumanisé… méfiant… alors je suis vite retournée dans ma maison…. en repoussant au maximum mes sorties car le déconfinement, c’est aussi l’angoisse de l’après… le monde a-t-il pris conscience qu’il fallait changer son mode de fonctionnement ou tout reviendra-t-il comme avant.. sans leçon tirée de cet arrêt … car s’il y en a bien une qui en a profité, c’est Dame Nature… et moi avec car je n’avais jamais entendu de si beaux chants d’oiseaux rythmer mes journées de télétravail… et vu autant d’espèces différentes prendre leur aise dans l’espace de notre jardin. Alors rien que pour cela, le confinement a eu du bon… la nature a pu respirer, souffler de tout ce que l’homme peut lui faire endurer. Pourvu que ce dernier en prenne conscience et vite… mais ça, c’est autre une paire de manches.

EDIT du 19 septembre 2020 : Le monde n’a pas changé… et je trouve que c’est même pire qu’avant ! Vous ne trouvez pas ? Et Dieu sait que je suis de nature optimiste.. si si je vous le jure.

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