- 4ème de couverture:
« Avant de s’en aller, elle enlève son alliance et la pose délicatement sur la capot de la voiture, sans un mot. »
Le fruit est-il plus savoureux lorsqu’il est défendu? L’interdit est-il synonyme de plaisir?
De la duperie démasquée à la vengeance machiavélique, Tatiana de Rosnay revisite dans ces onze nouvelles les amours illégitimes et envisage tous les scénarios -tantôt tragiques, tantôt cocasses – avec une légèreté teintée de sarcasme, jusqu’à une chute souvent croustillante, parfois glaçante.
Un « jouissif » déshabillage du délit conjugal, où le rire se mêle à la compassion et la transgression au désir.
- Mon avis:
Petit guest de ma liste de 30.
Ce livre est le premier que je lis de Tatiana de Rosnay que je connais essentiellement de nom et pour l’écriture d’un autre de ses romans » Elle s’appelait Sarah » dont on a beaucoup entendu parler.
Donc première découverte, sans a priori. J’ai d’abord été séduite par la couverture que j’ai trouvé belle. Elégante. et finalement interpellée par la 4ème de couv’ aussi. Alors aussitôt acheté.
Ce recueil de onze nouvelles sur l’adultère est un vrai page turner. Terminé en pratiquement une heure et demie, on se plonge assez vite dans le thème qui est certes redondant mais tient en haleine. Certaines fins sont certes prévisibles mais on se surprend à sourire à certaines situations cocasses. (cf Nouvelle 3: « la jeune fille au pair »).
Ces nouvelles mettent essentiellement en scène une certaine classe aisée de la population parisienne mais l’on sait que l’adultère n’a pas de frontière et encore moins de barrière sociale. Cela peut arriver à n’importe qui, à n’importe quel moment. On peut croire en l’amour, mais le monde des Bisounours n’existe pas. On plonge avec voyeurisme dans la vie jusque là privée de personnes inconnues (inconnu(e)s que l’on pourrait connaitre ou qui pourrait être nous!) parcourant leurs chambres à coucher, parfois des chambres d’hôtel jusqu’au Bois de Boulogne.
On se prend au jeu de la lecture en s’interrogeant à chaque nouvelle, sur notre propre réaction dans les situations décrites. Quelle aurait été notre attitude dans certains cas? Notre réaction face à l’inattendu? Difficile à savoir finalement.
Ce livre laisse entrevoir le mauvais coté de l’amour dans le couple. On pourrait trop facilement déduire que les « histoires d’amour finissent mal » car l’amour peut causer tourments et déboires. Alors si on ne croit plus en l’amour, quel besoin de se marier ou d’être en couple? Malgré tout, » les gens qui aiment ne doutent rien ou doutent de tout« (Honoré de Balzac). Parce qu’il faut bien croire que même sans être fataliste, l’adultère a existé, existe et existera toujours et qu » il faut être assez fort pour se griser avec un verre d’eau et résister à une bouteille de rhum » (Gustave Flaubert)
Les deux citations précédentes font partie du recueil car chaque nouvelle est précédée d’une citation d’un auteur classique. Ces citations, assez pertinentes, illustrent la nouvelle et sublime par la même occasion la plume de l’auteure. Tantôt drôle, tantôt grave, l’écriture de l’auteure, assez agréable est sans artifice syntaxique ou lexical. Les mots utilisés sont ceux de tous les jours. Ils sont volontairement grivois, à l’image des situations décrites par l’auteure mais sans vulgarité. Les mots sont factuels. Froids. Tout comme l’adultère l’est lorsqu’il est découvert par l’autre.
Ce livre ne juge pas . Il est le constat d’une situation qui entrainera (forcément) des conséquences dans la vie de ceux qui le vivent et dans l’entourage. Mais la dernière nouvelle la Brune de la rue Raynouard, en sorte d’happy-end, laisse entrevoir que « l’amour existe encore » (merci Céline…désolée, il fallait que je la fasse. Tellement facile ! )
C’est cette part de réalisme qui fait de ce recueil un agréable moment de lecture. Pas davantage.
- Une citation:
» Les hommes sont comme ça ma chérie, disait ma mère. Incapables d’être fidèles. Ils ont des désirs d’animaux. Les femmes n’ont pas ces instincts là. Elles sont plus modérées, monogames. Un mari qui trompe sa femme, ce n’est pas grave. Une femme qui trompe son mari, si. Elle est considérée comme une femme perdue. Alors qu’un homme… C’est dans sa nature. Il faut comprendre et accepter. »
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