4ème de couverture :

« On biaise, on s’arrange, on a notre petite lâcheté dans les attes comme un animal familier. On la caresse, on la dresse, on s’ay attache. C’est la vie. Il y a les courageux et puis ceux qi s’accommodent. C’est tellement moins fatigant de s’accommoder… » A-t-on le droit de tout quitter, femme et enfants, simplement parce que l’on se rend compte – un peu tard- que l’on s’est peut-être trompé ? Adrien est parti. Chloé et leurs deux filles sont sous le choc. Le père d’Adrien apporte à la jeune femme son réconfort. A sa manière : plutôt que d’accabler son fils, il semble lui porter une certaine admiration. Son geste est égoïste, certes mais courageux. Lui n’a pas été capable de. Tout au long d’une émouvante confidence, il raconte à sa belle-fille comment, jadis, en voulant lâchement préserver sa vie, il a tout gâché.

Je l’aimais
Anna Gavalda
Editions j’ai lu
156 pages

 

Mon avis :

J’ai toujours eu un peu de mal à lire les auteurs contemporains.

Peut-être parce que, ancré quelque part dans mon subconscient, j’ai l’idée (vraisemblablement erronée, je l’avoue !) que ces succès commerciaux, que la plupart des gens s’accordent à ne lire que sur la plage ou sur le quai d’une gare, désignent un certain type de lecteurs dont je ne fais pas partie. Mais, pourquoi ne se cantonner qu’à un seul genre de lecture ? Cette réflexion est partie du film « Ensemble c’est tout » que j’ai revu récemment. Ce film est l’adaptation du livre éponyme d’Anna Gavalda et j’ai beaucoup aimé l’histoire. Peut-être aussi à cause de la présence de Guillaume Canet mais ça, c’est autre chose ! 🙂

Forte de ce constat, je suis arrivée à la déduction que j’avais beaucoup de retard à rattraper car je n’ai lu, à ce jour, aucun Guillaume Musso ni aucun Marc Levy. J’ai commencé à combler cette méconnaissance avec Katherine Pancol (Les yeux jaunes des crocodiles, la valse lente des tortues, Moi d’abord, la Barbare) et aujourd’hui, je me mets à lire Anna Gavalda. A dose homéopathique pour le moment car il m’est difficile de changer mes habitudes livresques. Et puis, en quoi ces livres pourraient être plus ou moins mauvais comparés à tel autre auteur classique ? Alors, aux lecteurs/trices des auteurs précités, ne vous offusquez pas de ma réticence première et je ne condamne en aucun cas ces romans mais je précise que, jusqu’à présent, je ne m’y suis pas intéressée car mes gouts littéraires versent davantage dans les romans historiques et les vieux classiques.

Pour ce baptême littéraire gavaldien, mon non-choix s’est porté sur le premier trouvé en rayon car la fleur bleue a été interpellée par le titre : « Je l’aimais ».

Dans mon imaginaire, ce titre a sonné comme une bonne dose d’amour et beaucoup de regrets. Cette déduction de pré-lecture n’est pas tombée trop loin de la trame de fond de ce roman. La lecture s’est faite d’une traite car, d’une part, le livre ne compte que 157 pages et parce que, d’autre part, l’histoire est simple, basique, sans grande envolée littéraire. Cette histoire va à l’essentiel.

Elle commence par une rupture, brutale (forcément !) car incomprise par celle qui la subit. Chloé est celle-là. Adrien, son mari, l’a quitté pour une autre. L’incompréhension de cet évènement qu’elle n’a pas vu venir et le choc subi du départ de celui qu’elle a aimé et pour lequel elle s’est sacrifié vont conduire Chloé à s’enfuir avec ses deux jeunes filles de cet environnement devenu insupportable. Le temps d’un week-end, elle est recueillie par ses beaux-parents dans cette maison qu’elle connait par cœur et dans laquelle elle a tant de souvenirs avec celui qui est parti. Mais la situation a changé.

Va alors s’instaurer entre Chloé et son beau-père une intimité qu’elle n’a jamais eue avec lui pendant sa vie commune avec Adrien. Il lui parle. Le père d’Adrien se livre. Il livre à sa belle-fille son histoire personnelle pour tenter de lui expliquer ou davantage de justifier, maladroitement, le geste d’Adrien.

Pour résumer, les regrets naissent lorsque certains choix de la vie emportent des conséquences qu’on ne mesure que lorsque l’on se rend compte que nous aurions dû faire autrement.

Cette histoire est singulière et commune. Les personnages ont la sensibilité et les émotions à fleur de peau mais pour des raisons différentes qui leur sont très personnelles. Pourtant, cette histoire va les rapprocher un instant dans la détresse de leurs sentiments, exacerbés par la seule absence de l’être aimé.

J’ai aimé la profusion d’affectivité qui se dégage de la lecture : la colère de Chloé et sa soudaine solitude aussi. J’ai ressenti la tendresse du père d’Adrien qui console sa belle-fille mais qui se console aussi de cette autre vie qu’il a rejetée. On le retrouve humain alors que tous ceux qui l’ont côtoyé ne lui ont trouvé qu’un air bourru, peu engageant. La palette des sentiments est si bien décrite que l’on peut facilement les éprouver en retrouvant chacune des personnes mises en scène.

Une citation du livre : « Je savais pas qu’on pouvait aimer comme ça…Moi je croyais que j’étais pas programmé pour aimer comme ça… » « – Qu’est-ce que tu comptes faire ? – T’aimer. »

Du coup, je sais qu’il existe une adaptation cinématographique que je serais bien tenté de voir, d’autant que la bande annonce reprend bien toute la nostalgie du livre et que… il y a Daniel Auteuil.

Et vous ? Avez-vous lu le roman ? Avez-vous vu le film ?

Et qu’en avez-vous pensé » ?