4ème de couverture :

Il y a les mères exemplaires, toujours ponctuelles, pomponnées, et souriantes, celles qui préparent des gâteaux pour la kermesse et s’occupent des costumes du spectacle de fin d’année. Et puis il y a les autres : celles qui claquent la porte en laissant les clés à l’intérieur, et qui oublient systématiquement le gouter de leurs enfants…

Lucy est clairement de celles-là !

Jusqu’à présent, malgré quelques loupés, elle s’était plutôt bien débrouillée avec sa petite famille. Mais les choses se compliquent quand elle commence à lorgner sur un parent d’élève, rencontré à la sortie des classes…

Mauvaise idée, Calamity Lucy. Très mauvaise idée !

La vie secrète d’une mère indigne
Fiona Neill
Editions Pocket
475 pages

Mon Avis :

Désopilant de se glisser dans la vie de cette mère qui a mis un terme à sa carrière de réalisatrice télé et est restée au foyer au bout de son troisième enfant. Il est intéressée de la voir jongler avec les bêtises de l’un, les obsessions du cadet et les babillages du dernier né. Très drôle par ailleurs de la voir se débattre avec ce corps, son propre corps qu’elle ne reconnaît plus et qu’elle tente de camoufler comme elle peut, le plus souvent dans un seul jean qu’elle arrive à enfiler tant bien que mal. On ne peut que sourire et puis franchement rire à ses péripéties car je pense humainement impossible d’être aussi désorganisée et tête-en l’air que ne l’est Lucy. C’en est même crispant parfois pour l’hystérique des listes qui parle en moi (je vis avec des listes pour tout : de la liste de courses à la chronologie du ménage, sans compter mes très –voire trop- nombreuses listes livresques !) On partage aussi sa honte lorsque, par exemple, elle enfile rapidement ce fameux jean, (le seul jean potable selon elle qui camoufle les stigmates laissés par ses trois grossesses) pour se rendre à une réunion de parent d’élève. Seulement, elle ne se rend compte que bien trop tard (c’est-à-dire une fois entourée des dits-parent d’élèves) que la bosse qui, initialement postée sur le haut de son mollet, va descendre petit à petit le long de sa jambe pour se révéler au grand jour, et faire apparaître, de la façon la plus indélicate qui soit, sa petite culotte de la veille. Hilarant après coup mais je peux tout à fait imaginer la honte ressentie.

Pour résumer, Lucy est une catastrophe ambulante autant avec ses enfants qu’avec les gens qui la côtoient chaque jour. Mais on l’aime car elle est humaine et qu’elle essaie malgré tout de garder la tête froide. Et la tête haute.

En dehors de ce statut de mère au foyer avec trois très jeunes garçons, la vie sociale de Lucy se résume à :

  • son mari, architecte en devenir pas très présent et qui ne se consacre qu’à son travail entre l’Angleterre et l’Italie.
  • ses deux meilleures : Cathy qui est une mère « working girl » récemment divorcée, qui souhaite profiter pleinement de sa vie de femme retrouvée, et Emma qui ne jure que par la relation adultérine qu’elle entretient avec un homme marié. Ses deux meilleures sont les seules avec lesquelles Lucy s’autorise une sortie mensuelle entre filles.
  • son nouveau statut de parent d’élève qui lui fait intégrer l’association des parents d’élèves dans laquelle elle va côtoyer Mère-Efficace, Mère-Parfaite n°1
  • Père-au-foyer-sexy qui va devenir au fil des pages bien plus qu’un simple fantasme pour Lucy qui se demande continuellement si la ligne rouge doit être franchie. Se sentant délaissée par un mari qui lui préfère le plus gros projet architectural de toute sa vie, Lucy va être dangereusement attirée par ce père de famille écrivain et qui sent bon le sable chaud (mais non… il n’est pas légionnaire…j’ai dit qu’il était écrivain!)

Et entre ce fantasme à portée de main et les déboires amoureux de ses deux amies, Lucy va faire montre d’une ample palette de sentiments mais surtout d’ altruisme quand il s’agit de penser aux autres avant de penser à elle.

Difficile de résumer l’ensemble des sentiments qui jaillissent de la lecture de ce roman. Et c’est exactement ce que j’ai aimé car ce livre interpelle. Au-delà de la simplicité de l’histoire, on s’interroge. « Que ferai-je si je me retrouvais dans telle situation comme Lucy » ? « Comment réagirai-je  dans telle autre? ». Une flopée de questions qui n’accepte pas un simple « oui » ou « non ». Le titre ingrat et simpliste ne résume que la conclusion de ce que doit être la femme d’aujourd’hui. Car dans la pensée générale, commune, on (la société) attend de la femme d’aujourd’hui qu’elle soit, en fonction des personnes avec lesquelles elle interagit au quotidien, à la fois, la plus gentille des mamans, la plus attentionnée et sexy et féminine et aimante des épouses, la plus attentive des amies, la plus douce des infirmières, et tout autre statut qu’on voudrait lui attribuer. Et Dieu sait que la femme d’aujourd’hui peut en supporter!

Pire qu’un chat, la femme contemporaine a plusieurs vies en une. Elle doit être la référence et celle sur laquelle sa famille et les autres reposent. Elle est un repère dans la tempête de la vie des autres. Elle doit se montrer forte non seulement pour elle, mais aussi pour les autres. Et parfois, surtout pour les autres avant de penser à elle.

Car, finalement, qui prend soin d’elle ?

Ben, elle-même! Et alors, ses émotions, ses sentiments doivent rester secrets sous peine d’indigner les autres si elle ne rentre pas dans le moule que la société lui a forgé.

Vous l’aurez compris, ce livre est une bonne lecture avec une écriture fluide et fait passer un bon moment. Vraiment drôle.

Et vous, l’avez-vous lu ?

Si oui, qu’en avez-vous pensé?