Il est des films qui, mine de rien, vous remue du plus profond de votre être, soit parce que le sujet vous touche, soit parce que l’histoire est belle ou les 2 mis ensemble.

Aujourd’hui, je vais vous parler de « Harvey Milk ».

Il s’agit d’un des nombreux biopics qui ont fleuri sur le grand écran ces dernières années. Je ne vais en citer que quelques-uns parmi ceux que j’ai vu et qui ont eu le mérite, selon moi, d’être de très bons films.

  • 1997 : Evita (sur la vie d’Eva Peron), Michael Collins, Larry Flint (films éponymes)
  • 1999 : Les enfants du siècle (sur la vie de George Sand et A. de Musset)
  • 2002 : Ali (sur la vie de Mohammed Ali, ex- Cassius Clay) magnifiquement interprété par Will Smith
  • 2004 : Ray (sur la vie de Ray Charles) et qui a permis à Jamie Foxx de remporter l’Oscar du meilleur acteur en 2005
  • 2005 : Aviator ( sur la vie de l’aviateur Howard Hughes) interprété par Leonardo di Caprio
  • 2006 : Walk the lines (sur la vie de Johnny Cash) porté par un excellent Joaquim Phoenix et avec Reese Witherspoon
  • 2007 : la Môme (sur la vie d’Edith Piaf) et qui a valu à Marion Cotillard pour ce magnifique rôle (notamment dans la métamorphose) un Golden Globe, un BAFTA, un César et surtout l’Oscar de la meilleure actrice
  • 2009 : Coco avant Chanel (titre éponyme), Public Enemies (racontant la vie des frère Dillinger) interprétés par les magnifiques Johnny Depp, Christian Bale et…Marion Cotillard, the french Mermaid
  • 2013 : the GrandMaster (racontant la vie de Ip Man, maître de Wing Chun et futur mentor du légendaire maître du Kung Fu, Bruce Lee

Je ne ferai pas la liste des autres biopics vus et qui ne m’ont pas laissé un souvenir impérissable mais il y en a d’autres, sortis récemment que je voudrai voir absolument :

Jobs, J. Edgar, le Majordome, le Loup de Wall Street, Yves Saint Laurent (il y en a un 2ème à venir en 05/2014 avec Gaspard Uliel dans le rôle-titre)

Quelqu’ils soient, tous ces films biographiques ont un point commun. Ils parlent de personnes ayant de près ou de loin marqué l’histoire.

Harvey Milk fait partie de ceux-là.

Le film commence par cette phrase où il est assez dans sa cuisine, face à un magnéto cassette et tenant le micro dans sa main:

 Ici Harvey Milk. 
Je m’enregistre au mois de Novembre… le 18
Cet enregistrement sera écouté uniquement si je meurs assassiné

Mêlant brillamment images d’archives et mise en scène, le film retrace les huit dernières années de la vie du militant gay Harvey Milk, brillamment interprété par Sean Penn.

hm et scottD’abord employé dans la finance, Harvey Milk quitte New-York en 1972 avec son petit ami Scott Smith (joué par James Franco) pour s’établir à San Francisco. Ils y ouvrent ensemble un magasin de photo. Harvey observe le rejet social de la communauté gay, les violences policières et les trop nombreuses ratonnades à l’encontre de « ceux qui ne sont pas normaux ». Il va, dès lors, prendre fait et cause pour la reconnaissance de ses semblables. Son magasin de photo va devenir le lieu de rassemblement de la communauté gay et Harvey Milk fera de cet endroit le point de départ de son engagement militant pour la cause homosexuelle.

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Il décide de se porter candidat au poste de conseiller à la Mairie de San Francisco ; élection à laquelle il  échoue à trois reprises avant d’être finalement élu et de gagner le siège de superviseur (= conseiller municipal) en 1977.

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Alors qu’il remporte certaines batailles portant sur la reconnaissance des droits civiques des homosexuels, le flot de ses détracteurs grossit. En 11 mois de mandat, il aura néanmoins contribué  à faire échouer un projet de loi de l’état de Californie, ouvertement homophobe, visant à autoriser le licenciement de professeurs en raison de leur orientation sexuelle.

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Le 27 novembre 1978, il est assassiné par Dan White, un de ses anciens collègues du conseil municipal, à San Francisco, en Californie, en même temps que le maire de la ville, Georges Moscone. Harvey Milk est mort pour avoir prôné la tolérance et la prise en compte de l’existence de la communauté gay. Son action aura durablement marqué l’histoire et fait bouger les mentalités trop conservatrices d’une Amérique puritaine, et au-delà des frontières.

If a bullet should enter my brain, let that bullet destroy every closet door.” « Si une balle devait pénétrer mon cerveau, que cette même balle détruise toutes les portes de placard » Harvey Milk a aussi mis en avant le coming-out afin de se libérer des carcans sociaux et d’éviter de se ghettoiser. Se reconnaitre homosexuel ouvertement devait permettre de retrouver de l’estime pour soi avant de pouvoir prétendre à recevoir l’estime des autres.

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Ce film de Gus Van Sant est sorti aux Etats-Unis pour l’anniversaire des 30 ans du décès d’Harvey Milk. Il a remporté plusieurs récompenses dont deux Oscars : celui du meilleur scénario et celui du meilleur acteur, attribué à Sean Penn pour la performance de sa magnifique prestation.

Tout est traité avec pudeur et douceur: il n’y a pas de place laissée à la caricature; il n’y a ni perversité, ni clichés mais un amour véritable des gens, de l’autre.

Je pense que ce film m’a touché d’autant plus qu’il colle de façon parfaite à l’actualité. On remarque en effet une montée des extrêmes et du rejet de l’autre. Inutile d’épiloguer sur les manifestations contre le mariage gay en France ou encore les manifs pro et anti-avortements en Espagne qui scindent de façon assez brutale la population.

La liberté se meurt et avec elle, la tolérance.

Il est difficile aujourd’hui d’être différent car « l’autre » fait peur.

Le Noir, l’Arabe, le musulman, le juif, le nain, le barbu, le chauve, la rousse, la grosse, la moche, le handicapé ne sont pas des personnes dites « normales » (je vous laisserai l’interprétation de ‘normal’ !) et de facto, ce que l’on ne connait fait forcément peur. Pourtant, il suffirait de faire un pas vers l’autre pour apprendre à le connaitre et se rendre compte finalement qu’il n’est pas si différent et que cette différence peut amener des choses bien.

J’ai juste envie de rappeler ici que les cons nous entourent ( c’est un fait indéniable! ) et que cet « état » n’est pas consécutif à une couleur de la peau, à une religion, à une provenance ethnique ou à un « problème » physique. Les cons nous entourent et je souhaite citer ci-après la phrase de Frédéric Dard (l’auteur des aventures du commissaire San Antonio et pourvoyeur de bons mots) qui illustre de facon parfaite et claire mes propos : «Il y aurait plusieurs façons d’être con, mais le con choisit toujours la pire. »

Je retiens de ce film la pugnacité de ce militant face à la haine, à l’intolérance et j’ai repassé en boucle la scène finale du film qui, juste après la mort d’Harvey Milk, montre des milliers de gens descendant les rues de San Francisco (aucune référence ici à la série TV, merci mais si ça vous a traversé l’idée, j’en rigole avec vous ! 😉 ) cite un des discours d’Harvey Milk, que je reprends ici :

Il faut garder espoir en une vie meilleure
Il faut garder espoir en un meilleur avenir
je souhaite ceci:
S’il devait y avoir un assassinat, je souhaite que cinq, dix, une centaine, un millier de gens se dresse.
Si une balle devait pénétrer mon cerveau, qu’elle défonce toutes les portes de placard.
Je souhaite que le mouvement continue parce qu’il ne s’agit pas d’ambition personnelle, il ne s’agit pas d’orgueil, ni de pouvoir, il s’agit de toutes les minorités et pas seulement des gays, mais les Noirs, les Asiatiques, les ainés et les handicapés,
Nous les autres.
Sans l’espoir, nous les autres, abandonnerons.
Oui je sais qu’on ne vit pas que d’espoir,
mais sans l’espoir, la vie ne vaut pas la peine d’être vécue.
Alors toi… et toi… et toi…
vous devez leur donner un peu d’espoir.
Vous devez leur donner de l’espoir ! 

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